Sedif-nimes

Quel visage du Père

Fiche n° 6

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Fiche n° 6

Dieu "Père et Mère" riche en miséricorde

Dieu jaloux !

Pour continuer de découvrir le visage du Père, voyons comment la Révélation nous montre la patience et la miséricorde de Dieu, là même parfois où nous croyons voir sa rigueur et son implacable exigence. « Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux et tu ne les serviras pas, car moi, le SEIGNEUR ton Dieu, je suis un Dieu jaloux qui punis la faute des pères sur les enfants, les petits-enfants et les arrière-petits-enfants… » (Ex 20,5). Et nous nous demandons tout de suite quel est ce Dieu jaloux et vengeur, qui est pour moi comme une menace ? Or, à y regarder de plus près, nous découvrons que la jalousie de Dieu est une jalousie d'amour envers son peuple lequel s'engage à mettre en pratique toutes les paroles du SEIGNEUR (Ex 24,3). C'est donc uniquement face au péché d'idolâtrie que Dieu se qualifie de « jaloux » et uniquement vis-à-vis de son peuple. Les dieux, au Proche-Orient, se jalousent, ici, et c'est original, « jaloux » traduit l'engagement passionné du Dieu de l'Alliance envers Israël. Il y engage tout le poids de sa fidélité « car le SEIGNEUR ton Dieu est un Dieu miséricordieux qui ne t'abandonnera ni ne te détruira, et qui n'oubliera pas l'alliance qu'il a conclue par serment avec tes pères » (Dt 4,31).

Alors pourquoi y aurait-il punition, châtiment ? Le mot « punis » (Ex 20,5) traduit la racine hébraïque paqad, « il se souvient par un acte » ou « il se souvient pour tenir compte ». « Dieu visite (paqad) Sarah. » (Gn 21,1) Il se souvient d'elle afin de la rendre féconde. Et si en Ex 20,5 on peut quand même comprendre que Dieu se rappellera des péchés du père sur le fils, n'est-ce pas un avertissement pour les fils afin qu'ils ne haïssent le SEIGNEUR en reproduisant la haine du père. C'est la haine du père inscrite dans le comportement du fils que Dieu va punir. Mais si le fils se convertit, ne fait-il pas alors partie des milliers auxquels Dieu fait miséricorde ?

 

"Dieu Père aux entrailles de Mère"

Le SEIGNEUR est un « Dieu de tendresse (de miséricorde), bienveillant, lent à la colère… » (Ex 34,6) La même racine rehem conjugue entrailles, matrice, utérus, miséricorde, tendresse. C'est l'attachement viscéral de la femme pour ses enfants « car ses entrailles (rehem) étaient enflammées pour son enfant » (1 R 3,26). Il est un " Dieu Père aux entrailles de Mère ". Les prophètes souligneront cette miséricorde au cœur même des paroles de jugement. Veulent-ils ainsi exprimer le paradoxe en Dieu même, celui de la colère et celui de la miséricorde, laquelle finalement l'emporte toujours ? « Éphraïm est-il donc pour moi un fils si cher, un enfant tellement préféré, pour qu'après chacune de mes menaces je veuille encore me souvenir de lui ? C'est pour cela que mes entrailles s'émeuvent pour lui que pour lui déborde ma tendresse. » (Jr 31,20)

Tel est l'amour inconditionnel des "entrailles de Dieu" pour ses enfants malgré leurs fautes. « Et moi j'avais appris à marcher à Éphraïm, je le prenais par les bras, et ils n'ont pas compris que je prenais soin d'eux ! Je les menais avec des attaches humaines, avec des liens d'amour ; j'étais pour eux comme ceux qui soulèvent un nourrisson tout contre leur joue… Mon cœur en moi est bouleversé, toutes mes entrailles frémissent. Je ne donnerai pas cours à l'ardeur de ma colère… car je suis Dieu et non pas homme. » (Os 11,3-4.8b-9) Ici, Dieu refuse clairement que des sentiments humains de colère ou de vengeance lui soient attribués, car il est Dieu d'absolue miséricorde et non pas homme.

 

Au-delà du masculin et du féminin

Ce Dieu Père et Mère est au-delà du masculin et du féminin. Il n'est pas la projection de notre expérience et ne peut se laisser enfermer dans nos mots. « Sion avait dit : "Le SEIGNEUR m'a abandonnée, le SEIGNEUR m'a oubliée." Une femme oublie-t-elle son petit enfant, est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles ? Même si les femmes oubliaient, moi, je ne t'oublierai pas… » (Is 49,14-15). Ainsi, le jugement de l'Exil n'est pas le dernier mot mais la consolation. Il ne peut oublier son peuple : « Vous serez allaités, on vous portera sur la hanche, on vous caressera en vous tenant sur les genoux. Comme celui que sa mère console, moi aussi je vous consolerai, à Jérusalem vous serez consolés. » (Is 66,12-13 ; cf. Gn 5,29)

 

Épilogue

Le Nouveau Testament prolonge ce langage, en nous montrant l'infinie tendresse et la miséricorde du Père, dans le berger cherchant l'unique brebis perdue ou dans les yeux brûlés de cet homme guettant son fils prodigue (Lc 15,4.20.28). Jésus témoignera de cette profonde tendresse en faveur d'un père éploré ou d'une veuve perdant son fils unique (Lc 8,42 ; 7,13).

 

Pour poursuivre la réflexion

• Comparer la conception de la responsabilité en Ex 34,6-7 et en Dt 7,9-11 (Dt 24,16 ; Jr 31,29-30 ; Ez 18) : deux types de société. Comment interpréter ?

• Qu'est-ce qui nous fait difficulté pour prendre conscience que Dieu notre Père a un cœur de Mère ?

• A quels déplacements l'Écriture elle-même nous convie au long de la révélation ?

 

Texte biblique

« Je t'ai gravé dans la paume de ma main » (Is 49)

49 Ainsi parle le SEIGNEUR :

"Au temps de la faveur je t'ai exaucé, au jour du salut je t'ai secouru. Je t'ai façonné et j'ai fait de toi l'alliance d'un peuple pour relever le pays, pour restituer les héritages dévastés, (8) pour dire aux captifs : "Sortez ! ", à ceux qui sont dans les ténèbres : "Montrez-vous ! "

Ils paîtront le long des chemins, sur tous les monts chauves ils auront un pâturage. (9)

Ils n'auront plus faim ni soif, ils ne souffriront pas du vent brûlant ni du soleil, car celui qui les prend en pitié les conduira, il les mènera vers les eaux jaillissantes. (10) De toutes mes montagnes je ferai un chemin et mes routes seront relevées. (11)

Les voici, ils viennent de loin, ceux-ci du Nord et de l'Occident, et ceux-là du pays de Sînîm. (12)

Cieux, criez de joie, terre exulte, que les montagnes poussent des cris, car le SEIGNEUR a consolé son peuple, il prend en pitié ses affligés. (13)

Sion avait dit : "Le SEIGNEUR m'a abandonnée ; le Seigneur m'a oubliée." (14) Une femme oublie-t-elle son petit enfant, est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles ? Même si les femmes oubliaient, moi, je ne t'oublierai pas. (15)

Vois, je t'ai gravée sur les paumes de mes mains, tes remparts sont devant moi sans cesse. (16)

Tes bâtisseurs se hâtent, ceux qui te détruisent et te ravagent vont s'en aller. (17) Lève les yeux aux alentours et regarde : tous sont rassemblés, ils viennent à toi.

Par ma vie, oracle du SEIGNEUR, ils sont tous comme une parure dont tu te couvriras, comme fait une fiancée, tu te les attacheras. (18)

Car tes ruines, tes décombres, ton pays désolé sont désormais trop étroits pour tes habitants, et ceux qui te dévoraient s'éloigneront. (19) Ils diront de nouveau à tes oreilles, les fils dont tu étais privée : "L'endroit est trop étroit pour moi, fais-moi une place pour que je m'installe. " (20)

Et tu diras dans ton coeur : "Qui m'a enfanté ceux-ci ? J'étais privée d'enfants et stérile, exilée et rejetée, et ceux-ci, qui les a élevés ? Pendant que moi j'étais laissée seule, ceux-ci, où étaient-ils ? " (21)