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L'Eglise
: une Pentecôte
permanente
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Ouvrons le livre des Actes des Apôtres qui nous dévoile l'action secrète et manifeste, la présence saisissable et imperceptible de l'Esprit. Saint Luc présente, dans ce second livre, la suite de son Évangile, la mission universelle : « de la Judée, Samarie, Galilée, jusqu'aux confins de la terre » (Ac 1,8). Le salut de Dieu est offert à tout homme quel qu'il soit : Juif ou païen (cf. Ac 2,39 ; 28,28). Telle est bien la mission confiée par le Christ au jour de son Ascension (cf. Ac 1,6-11). Pour accomplir cette mission d'évangélisation, les disciples sont regroupés par Jésus lui-même qui les prépare à recevoir le Saint-Esprit. L'Esprit est mentionné trois fois dans les onze premiers versets : Ac 1,2, « dans l'Esprit Saint » ; Ac 1,4-5, « la Promesse du Père... baptisé dans l'Esprit Saint » ; Ac 1,8, « Vous allez recevoir une Puissance, celle du Saint Esprit... vous serez alors mes témoins ». Dès l'ouverture, Luc précise qu'il va ainsi présenter, les actes de l'Esprit qui pousse les disciples à devenir des témoins et à poursuivre la mission de Jésus-Christ. La première manifestation précise de l'Esprit Saint se rencontre dans le récit de Pentecôte, présenté comme une nouvelle Alliance, un nouveau Sinaï (bruit, vent, feu : Ac 2,2), un nouveau don de la Loi de Dieu pour la vie des hommes. L'Esprit s'empare du Nouveau Peuple (l'Église n'est-elle pas usuellement appelée : Peuple de Dieu ? ) pour lui ouvrir le chemin de la vie par la conversion et le baptême (cf. les conséquences du premier discours de Pierre au jour de Pentecôte : trois mille personnes se convertissent (cf. Ac 2,41), obtiennent « le pardon des péchés et le don du Saint-Esprit » (Ac 2,38). L'esprit reçu est le cur de la vie en communauté, prière et partage (Ac 2,42-47 ; 4,32-35), et le moteur de l'évangélisation. Les conversions sont l'uvre de Dieu, c'est le « Seigneur qui fait s'accroître chaque jour la communauté » (Ac 2,47). Ainsi, devenir disciple du Christ, vivre en communauté ecclésiale, recevoir l'Esprit, être témoin, missionnaire... cela ne fait qu'un. Vivre de l'Esprit pousse à vivre en communauté fraternelle dans une même espérance et le partage d'un même pain (solidarité, charité et eucharistie ne font qu'un). La suite du Livre des Actes nous présente le développement et l'ouverture sans limite de la communauté des disciples du Christ, mue par l'Esprit Saint. En effet, le risque majeur qu'ont rencontré les premiers chrétiens était bel et bien celui-ci : vivre en groupe fraternel mais replié sur lui-même ! Ce risque traverse toutes les époques de l'histoire de l'Église... comme il traverse l'histoire de l'humanité. N'est-il pas plus rassurant de rester "entre soi", entre amis... plutôt que d'accepter la rencontre de l'autre, toujours corrosive ? Pour les premiers chrétiens, issus du monde Juif, la question s'exprime ainsi : peut-on intégrer, parmi les disciples, des non-Juifs, des païens ? Heureusement (pour nous, qui sommes issus de païens ! ) Pierre, le prince des Apôtres, va vivre une expérience fondatrice dans sa rencontre avec Corneille, un centurion de l'armée romaine, donc un païen (Ac 10-11). L'Esprit Saint leur est donné tandis qu'il annonce la Bonne Nouvelle : « Est-ce que je peux refuser le baptême à des non-Juifs qui ont reçu l'Esprit Saint ? » (Ac 10,44-47). Ainsi, depuis les origines de l'Église, le don de l'esprit n'est pas lié à des événements extraordinaires, hors du commun, il se réalise par la conversion des curs et le Baptême. L'Esprit n'agit pas à l'insu de l'homme mais il en appelle à sa liberté qui peut refuser les effets du don. Pour nous éviter d'idéaliser les premières communautés chrétiennes, Luc n'omet pas de relater "le mensonge à l'Esprit", d'Ananie et Saphire (Ac 5,1-11). Là est inscrit le premier "péché de l'Église". Vivre de l'Esprit n'est pas une solution de facilité car l'Esprit ne se substitue pas aux choix des hommes ! Pour nous en convaincre, Luc n'hésitera pas, à plusieurs reprises, à décrire les difficultés des communautés ou des Apôtres (lire Ac 15). Finalement, les Actes des Apôtres sont une relecture de l'histoire des premières communauté chrétiennes, après coup, afin de déceler dans la foi, la geste de l'Esprit Saint. Il est présent et accompagne le Peuple des croyants. En relisant les Actes, nous sommes à notre tour invités à opérer le passage d'une attente passive : "regarder vers le ciel" (Ac 1,11) en attendant le retour du Christ, à la dynamique missionnaire : l'Esprit est présent et agissant aujourd'hui encore dans une incessante nouveauté. Il fait encore toutes choses nouvelles...
Pour poursuivre la réflexion Relire les chapitres 1 à 5 en repérant les "déplacements", les "mises en route", les "invitations missionnaires". Relire (Ac 10-11), repérer combien l'Esprit n'agit pas de manière instantanée, son action est reconnaissable "après coup". N'en serait-il pas de même pour nous ? Pourquoi ne pas relire notre histoire ?
Texte biblique Remplis de l'Esprit Saint (Ac 2,1-24) « Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se trouvaient tous ensemble dans un même lieu, quand, tout à coup, vint du ciel un bruit tel que celui d'un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils se tenaient. Ils virent apparaître des langues qu'on eût dites de feu ; elles se partageaient, et il s'en posa une sur chacun d'eux. Tous furent alors remplis de l'Esprit Saint et commencèrent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. Or il y avait, demeurant à Jérusalem, des hommes dévots de toutes les nations qui sont sous le ciel. A la voix qui se produisit, la multitude se rassembla et fut confondue : chacun les entendait parler en son propre idiome. Ils étaient stupéfaits, et, tout étonnés, ils disaient : « Ces hommes qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ? « Comment se fait-il alors que chacun de nous les entende dans son propre idiome maternel ? « Parthes, Mèdes et Elamites, habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et d'Asie, de Phrygie et de Pamphylie, d'Egypte et de cette partie de la Libye qui est proche de Cyrène, Romains en résidence, tant Juifs que prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons publier dans notre langue les merveilles de Dieu ! » Tous étaient stupéfaits et se disaient, perplexes, l'un à l'autre : « Que peut bien être cela ? » D'autres encore disaient en se moquant : « Ils sont pleins de vin doux ! » Pierre alors, debout avec les Onze, éleva la voix et leur adressa ces mots : « Hommes de Judée et vous tous qui résidez à Jérusalem, apprenez ceci, prêtez l'oreille à mes paroles. Non, ces gens ne sont pas ivres, comme vous le supposez ; ce n'est d'ailleurs que la troisième heure du jour. « Mais c'est bien ce qu'a dit le prophète : Il se fera dans les derniers jours, dit le Seigneur, que je répandrai de mon Esprit sur toute chair. Alors vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions et vos vieillards des songes. Et moi, sur mes serviteurs et sur mes servantes, je répandrai de mon Esprit. Et je ferai paraître des prodiges là-haut dans le ciel et des signes ici-bas sur la terre. Le soleil se changera en ténèbres et la lune en sang, avant que vienne le Jour du Seigneur, ce grand Jour. Et quiconque alors invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. « Hommes d'Israël, écoutez ces paroles. Jésus le Nazôréen, cet homme que Dieu a accrédité auprès de vous par les miracles, prodiges et signes qu'il a opérés par lui au milieu de vous, ainsi que vous le savez vous-mêmes, cet homme qui avait été livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu, vous l'avez pris et fait mourir en le clouant à la croix par la main des impies, mais Dieu l'a ressuscité, le délivrant des affres de l'Hadès » |