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Echo
d'un congrès : Les Actes des
Apôtres
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Tout d'abord, présentons l'ACFEB : cette association a pour but de développer l'étude scientifique de la Bible. Elle se compose de membres actifs et de membres associés qui travaillent dans la recherche, l'enseignement ou qui sont engagés dans l'animation biblique. Catholique, elle accueille dans son sein des membres d'autres confessions chrétiennes ; française, elle est ouverte à d'autres nationalités. Elle est organisée en régions : Ouest, Sud-Est, Lyon etc Tous les deux ans, une région organise un congrès national. Ainsi le prochain se tiendra à Paris en 2005. Voici deux échos de ce congrès 2003 : 1) Les Actes des Apôtres et la réhabilitation de Luc comme "historien de l'Antiquité" ou l'Eglise naissante. Depuis un siècle jusque vers les années 80, chez les chercheurs on manifestait plutôt de la réserve vis à vis de la valeur historique des Actes des Apôtres. Depuis, grâce à une meilleure connaissance de la littérature historique et de l'univers culturel gréco-romain, une réévaluation s'est manifestée. La comparaison des Actes des Apôtres avec des récits et des discours contemporains, montre que l'auteur, Luc, utilise non seulement des procédés stéréotypés, mais aussi des lieux communs de la culture historique de son temps. C'est l'indice que l'auteur vise le public cultivé des cités, celui qui connaît Homère, celui qui va au théâtre. Luc s'inspire d'historiens grecs (Thacydide, Lucien le Samosate) : thèmes de voyages, de naufrages, le rôle de personnages forts (comme Pierre, Paul, Apollos ) avec leur sens de l'adaptation des discours (Paul à Athènes). Il est évident que les chercheurs ont été plus préoccupés de la voie narrative (Odile Flichy). 2) Un débat renouvelé à propos du sens à dégager du livre des Actes des Apôtres. Est-ce une uvre sensible à la continuité avec les racines juives de la foi, ou, au contraire, annonce-t-elle le passage définitif de l'Alliance aux "Nations" ? Com-me toutes les grandes uvres, les Actes des Apôtres sont ouverts sur le pluriel des interprétations. Ici, dans ce bref compte-rendu du congrès, seront évoquées les interventions de Daniel Marguerat, exégète et pasteur de l'Université de Lausanne, et d'Odile Flichy, professeur pour le Nouveau Testament au Centre Sèvres. - Pendant les années 80, les analyses sur les Actes des Apôtres ont été renouvelées : il y a eu alors une mise en uvre des outils d'analyse qui privilégiait la narratologie. Il y a eu, à partir de là, une réhabilitation du Luc des Actes des Apôtres comme historien de l'Eglise naissante. - La voie narrative, chez le Luc des Actes des Apôtres, a mieux mis en relief la construction de l'identité chrétienne ; cette identité chrétienne, chez Paul, sur le chemin de Damas. - Luc dégage 3 composantes : * la continuité avec l'Ancien Testament (voir par exem-ple Ac 24, 14 ; 28, 23) * la rupture (ou singularité) dans la prédication de Paul, notamment à Ephèse (Ac 19, 8) * la reconnaissance (recours à une petite communauté : voir Ac 28, 16 ; 55) Ainsi, on remarque que, pour Luc, être chrétien, c'est être d'une part enraciné dans le judaïsme ; c'est être tourné, d'autre part vers le christianisme (insistance sur l'universalité du salut, sur le pardon reçu par la foi au Christ ressuscité). Dans le conflit surgi dans la synagogue d'Ephèse, Paul, dépla-ce le lieu de la Parole : avec quelques disciples, il s'installe dans l'école de Tyrannos (Ac 19, 8). Enfin, les Actes des Apôtres décrivent l'initiative de Paul, débarquant à Rome comme prisonnier des autorités romaines : il obtient "l'autorisation d'avoir un domicile personnel". Ce logement va devenir "lieu de l'ecclésia". Paul y fait naître une communauté, où est proclamé "le Règne de Dieu" (Ac 28, 16 ; 30-31). Ainsi, Luc nous laisse l'héritage de Paul, qui apparaît comme "figure identitaire de la chrétienté" (Marguerat). Emile Burlet |