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Info-Doc n°34

Echos de la pastorale biblique

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Echos de la pastorale biblique

Journée biblique œcuménique du 1 février 2003 à Quissac

Nous étions 35 à la maison ste Thérèse de Quissac, ce samedi 1 février, venus de nombreuses paroisses du secteur et bien au-delà puisque Le Vigan, Valleraugues et Sumène, par exemple, avaient envoyé des auditeurs curieux… La journée valait le déplacement ! Nous avons eu la grande joie d'accueillir aussi quelques frères et sœurs réformés.

Rythmée par la méditation de beaux textes du Pasteur Dumas sur la Parole, la journée a été d'emblée placée par Pascale dans un climat d'écoute et d'attente.

Le matin,

Grâce à la présentation que nous a faite Jean-Luc, nous avons essayé d'entrer dans l'intelligence du mystère de la personne de Jésus.

"Que cherchez-vous ? Où demeures-tu ? Venez et voyez !" L'évangile selon Jean nous propose un chemin que nous avons suivi à partir de deux points de vue différents et pourtant convergents :

1. Repérer ce que disent de Jésus un certain nombre de personnes :

Nous le voyons hésiter et progresser du "fils de Joseph de Nazareth" pour aboutir avec Thomas à la plénitude de la confession de foi chrétienne "mon Seigneur et mon Dieu".

2. Ecouter ce que Jésus dit de lui-même, soit à l'occasion de rencontres, soit dans des discours-monologues, fréquents chez Jean, où Jésus se dévoile peu à peu pour ses disciples et finit par affirmer : "Qui me voit, voit le Père" : Jésus est plus qu'un homme-image de Dieu, il est Fils de Dieu et Dieu et il reprend pour lui, à plusieurs reprises, ce que Dieu révèle de lui-même à Moïse au buisson ardent : "Je suis".

Le propos de l'évangéliste est clair. A nous de savoir le déchiffrer : Jésus, Verbe de Dieu et Dieu, s'est fait chair pour le salut de l'homme… Jésus, vrai Dieu et vrai homme.

L'après-midi, ce fut d'abord le temps des carrefours avec des textes aussi parlants que la femme adultère, le paralytique, le lavement des pieds et la rencontre avec Marie de Magdala après la résurrection. Chacun dans son groupe a pu expérimenter les outils de lecture qui avaient été proposés (cf. J. Landier, F. Pecriaux et D. Pizivin : avec Jean - pour accompagner une lecture de l'évangile de Jean).

Nous rendrons compte des deux carrefours auxquels nous avons participé : le lavement des pieds (Jn 13) et Marie de Magdala (Jn 20, 11-18).

Nous avons recherché les mots importants en les situant

• dans le contexte de l'évangile de Jean

• dans le plan de salut de Dieu tel qu'il ressort de l'Ecriture pour en tirer les conséquences pour nous aujourd'hui.

Ainsi :

1. pour ceux qui avaient choisi le chapitre 13 nous avons découvert ou re-découvert :

• la signification du mot "heure" qui traverse tout l'évangile de Jean pour nous rappeler que Jésus est venu dans le monde manifester l'amour du Père et le sien par toute sa vie jusqu'à la croix : l'heure est ainsi le moment de son "élévation" mais aussi de sa Révélation comme Fils.

• la portée de ce lavement des pieds (alors que les autres évangiles rapportent l'insti-tution de la Cène) : Jésus pousse l'amour jusqu'à l'extrême en acceptant de se dépouiller de lui-même (cf. Ph 2)

- dans la mort sur la croix mais aussi et en premier lieu

- dans son comportement d'esclave qui lave les pieds de ses disciples.

Ainsi, Jésus se donne complètement comme il se donne complètement dans la Cène. Cela est signifié par le vêtement ôté (vêtement = personne dans la Bible), ce qui évoque la mort sur la croix, puis remis, ce qui annonce la glorification (l'élévation) de la résurrection.

Pour nous aujourd'hui, cela signifie la nécessité ("vous devez vous aussi…) de passer par la mort/résurrection du Baptême (cf. Rm) et de vivre à la suite du Maître et Seigneur, y compris jusqu'à la croix.

2. pour ceux qui avaient préféré le chapitre 20 nous avons

• situé la réponse de foi devant le Ressuscité de Marie de Magdala parmi les autres attitudes montrées au chapitre 20 :

- le disciple : le tombeau vide lui a suffi : "il vit et il crut" (même si, sur le moment, il n'a apparemment pas réagi),

- les neuf autres : il faut qu'ils voient et qu'ils entendent pour croire,

- Thomas : pour qu'il se laisse convaincre, il faut qu'il soit invité à toucher

- Marie de Magdala : il ne lui a fallu qu'un mot et elle est partie remplir sa mission.

• essayé de comprendre le cheminement qui la fera passer :

- d'une affectivité possessive (elle pleurait… mon Seigneur… j'irai le prendre…)

- à un début de conversion : elle se retourne une première fois ; Jésus lui demande "Qui cherches-tu ?" afin qu'elle détermine si celui qu'elle cherche est le mort qu'elle pleure ou le vivant qui va l'envoyer en mission, puis interviennent :

- l'appel personnel : "Marie" qui va la faire se retourner une seconde fois

- la conversion définitive marquée par la réponse de foi à l'appel : ("Rabbouni") ; cette rencontre va lui faire accepter d'être envoyée porter aux autres ce qu'elle ne peut plus garder pour elle.

- la catéchèse de Jésus qui va nourrir sa foi neuve : (mon Père… votre Père…)

- l'envoi de Marie : "Tu m'as vu… va… et dis leur…"

- et son témoignage d'apôtre "J'ai vu le Seigneur… voici ce qu'il m'a dit"

Au passage, notons que l'évangile ne dit rien de la réaction des disciples. Marie était chargée de leur dire la Bonne Nouvelle, pas de la leur faire croire.

Pour nous sentir invités à faire aujourd'hui un cheminement analogue à celui de Marie : à partir de la rencontre du Ressuscité, accepter de nous laisser déposséder et convertir, répondre à l'appel qu'il nous adresse en permanence et ne pas avoir peur d'aller témoigner.

La journée s'est achevée sur une réflexion en grand groupe sur "l'acte de lecture", sur l'expérience qui est la nôtre quand nous nous mettons devant la Parole. Nous nous sommes écoutés et interpellés à partir de ce que nous avions vécu ensemble, et nous avons fait ainsi une série de découvertes précieuses.

En écoutant un texte et la diversité des réactions qu'il suscite, la lecture devient Parole, Parole vivante qui nous est adressée aujourd'hui pour nous faire

- nous découvrir nous-mêmes,

- nous interpeller

- nous faire grandir

Nous faisons ainsi une expérience de communion, une expérience d'Eglise.

Il ne saurait être question de découper la Parole en fonction de nos humeurs ou de nos a priori : elle est un tout puisqu'elle est une personne que nous apprenons à connaître au fur et à mesure que nous approfondissons… et que nous ne finirons jamais de découvrir car elle est toujours neuve.

L'étude de la Parole devient "lectio divina", lecture méditée, et va ainsi nourrir notre prière. Nous donnons vie à la Parole et la Parole nous fait vivre. "La Parole de Dieu grandit avec ses lecteurs" (st Grégoire le Grand). Elle nous fait grandir mais aussi découvrir notre finitude. Nous sommes incapables d'en découvrir seuls la clef ; nous avons besoin de l'Eglise pour cela.

La lecture de la Parole de Dieu est un acte de foi et d'espérance qui nous permet de vivre la charité : la communion entre nous et avec Dieu.

Nous tenons à dire "Merci" à tous les participants car nous nous sommes enrichis mutuellement. Merci évidem-ment à Pascale et Jean-Luc ! On en redemande !!

Jean-Louis Lacam