|
|
|
Du
Kerygme au Credo
|
||
Face à la "nouveauté de la foi et de l'expérience chrétienne" dans la société contemporaine, la Lettre aux catholiques de France nous dit : " Nous ne pouvons plus nous contenter d'un héritage, si riche qu'il soit. Nous avons à accueillir le don de Dieu dans des conditions nouvelles et à retrouver en même temps le geste initial de l'évangélisation, : celui de la proposition simple et résolue de l'Evangile du Christ. " (p. 37). Il n'y a pas de meilleure introduction au sujet qui nous préoccupe aujourd'hui. D'une certaine manière, nous sommes plus proches de l'Eglise des origines que de l'Eglise d'avant le Concile, en ce qui concerne l'annonce de l'Evangile. L'absolue nouveauté du message et la façon de l'annoncer, voici ce qui nous préoccupe. Comment confesser, comment professer sa foi, comment la proposer aujourd'hui ? Un bon retour en arrière permet de mieux comprendre le présent.
1. Quelques précisions de vocabulaire 2. Eclairage biblique. 3. Le kérygme : - à qui est-il adressé ? - comment le connaître ? 4. La défense de la foi contre toutes les hérésies : - du symbole des apôtres au Symbole de Nicée - du symbole de Nicée au Symbole de Nicée Constantinople.
1. Quelques précisions de vocabulaire : Credere veut dire faire crédit. C'est un mot de type financier au départ. Il a d'ailleurs gardé ce sens. Si l'on fait crédit à quelqu'un, c'est qu'on lui fait confiance et qu'on conclut avec lui une alliance au terme de laquelle on pense qu'il honorera sa dette. Foi est synonyme de confiance. Ce n'est pas "peut-être bien que oui, peut-être bien que non", comme dans "je crois qu'il fera beau demain.", mais : "j'adhère, je donne ma confiance, je donne crédit (pour l'éternité). Je gage ma vie à celui en qui je me fie." Symbole signifie : ce qui rassemble. Quand les Grecs se séparaient, après une assemblée, ils prenaient chacun un "symbolon", le tesson d'une poterie dont ils se partageaient les morceaux. Pour un chrétien, être uni par le symbole de la foi, c'est ne faire qu'un avec ses frères et ne faire qu'un avec Dieu Père, Fils, Esprit. Le credo en est la proclamaation.
2. Eclairage biblique : "Shema Israël" (Dt 6,4). Quand on demande aux juifs de professer leur foi, ils commencent par dire : "Ecoute !" Nous, nous avons l'habitude de mettre en avant notre démarche personnelle, comme si l'acte de foi que nous posons venait de nous, comme si nous en avions l'initiative. Le credo juif, c'est une reconnaissance de dette, celle qu'Israël a contractée envers un Dieu qui l'a fait sortir d'Egypte, qui l'a introduit en Terre Promise, qui lui a maintenu sa promesse en dépit de toutes ses trahisons et de toutes les vicissitudes de son histoire. (cf annexe : synopse des credo historiques). Le Credo chrétien, il ne faut pas l'oublier, prend la suite du credo juif. Pour les apôtres, il se pose en termes d'accomplissement de la Promesse biblique, puisque c'est la rencontre avec le Christ mort et ressuscité qui est au coeur du message. La venue du Christ et l'affirmation qu'Il est le Messie prennent une valeur eschatologique : ce sont les "derniers temps" qui s'accomplissent, la dernière séquence dans l'histoire du salut, celle où enfin le sauveur révèle son visage. Comme ce n'était pas le visage attendu, la tâche sera rude pour faire comprendre qu'un malfaiteur pendu au gibet d'infâmie peut être le Fils de la Promesse, et, qui plus est, le Fils de Dieu.
3. Le Kérygme : Etymologiquement = proclamation à voix haute par un héraut (kèrux). Historiquement = c'est la première forme de l'enseignement apostolique antérieure au baptême. Destiné à ceux qui veulent entrer dans la communauté chrétienne, il porte sur l'accomplissement du dessein de Dieu et l'avénement du salut dans la mort et la résurrection du Christ. Il est destiné : aux juifs de Jérusalem et de Palestine qui vivent selon les coutumes juives et qui donneront naissance aux communautés judéo-chrétiennes. aux juifs de Palestine parlant grec, et à ceux de la diaspora (Irak, Arménie, Asie Mineure, Egypte, etc). Ce seront les communautés appelées hellénistes. aux païens. Forcément, selon les destinataires, les attentes et les formulations différent : le juif attendait le Messie : il faut s'adresser à lui en termes messianiques.
le païen avait besoin d'être initié au Dieu unique et à l'histoire du salut. Pas évident pour un grec ! C'est plus facile pour Philippe de convaincre l'eunuque de la reine d'Ethiopie (Ac 8), parce qu'il est en train de lire la Bible au moment où le " héraut " de l'Evangile le rejoint pour lui expliquer, comme le Christ aux disciples d'Emmaüs (Lc 24), le sens des Ecritures. La rapidité avec laquelle s'achève l'initiation chrétienne de l'ennuque a de quoi faire pâlir d'envie bien des catéchumènes : cela signifie bien qu'à partir du moment où l'on croit au Christ, mort et ressuscité, l'essentiel est fait. Les intellectuels grecs ont beaucoup plus de mal à se laisser convaincre. Paul n'y parvient pas. Ils ne sont pas touchés par le kérygme, même si Paul s'ingénie à leur fournir un discours bien structuré. A partir de ces deux exemples opposés, essayons de voir les types d'arguments utilisés.
3.1 Les Ecritures : Assez rapidement, s'est constituée une tradition de textes regroupant les passages de l'Ancien Testament dont les actes de Jésus révèlent qu'ils se sont réalisés. Trois axes dominent : celui de l'apocalypse et de l'eschatologie (cf. supra) : avec la venue du Christ, les temps sont accomplis : « Après cela, je répandrai mon Esprit sur toute chair. Vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens auront des songes, vos jeunes gens des visions. Même sur les esclaves, hommes et femmes, en ces jours-là je répandrai mon esprit... (Jl 3,1) « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici que ton roi vient à toi : il est juste et victorieux, humble et monté sur un âne,sur un ânon, le petit d'une ânesse... » (Za 9,9)
celui du renouveau d'Israël : « Voici venir des jours -oracle du Seigneur-, où je conclurai avec la maison d'Israël (et la maison de Juda) une alliance nouvelle. Non pas comme l'alliance que j'ai conclue avec leurs pères, le jour où je les pris par la main pour les faire sortir d'Egypte. Mais voici l'alliance que je conclurai avec la maison d'Israël après ces jours-là, oracle du Seigneur. Je mettrai ma loi au fond de leur être et je l'écrirai sur leur cur. Alors je serai leur Dieu et eux seront mon peuple. » (Jr 31,31) celui du serviteur souffrant : cf Is 42, 1-7 ; 49, 1-13 ; 50,4-11 ; 52,13 ; 53,12.
3.2 Les actes de Jésus : Ils prouvent que : Jésus est le Messie. Jésus est le Fils de Dieu : récits de miracles profession de foi de Pierre transfiguration, baptême. L'événement par excellence, c'est la mort et la résurrection du Christ. L'acte central du kérygme, c'est de montrer que le Messie promis devait mourir et ressusciter (cf. disciples d'Emmaüs Lc 24).
3.3 Comment connaître ce kérygme ? La façon dont il s'établit et se transmet nous est connue à travers deux groupes de textes : les Epîtres et les discours missionnaires des Actes :
les adresses des Epîtres qui sont presque toujours trinitaires. Ex : « Paul, apôtre, non de la part des hommes ni par l'intermédiaire d'un homme, mais par Jésus-Christ et Dieu le Père qui l'a ressuscité des morts, et tous les frères qui sont avec moi, aux Eglises de Galatie. A vous grâce et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ, qui s'est livré pour nos péchés afin de nous arracher à ce monde actuel et mauvais, selon la volonté de Dieu notre Père, à qui soit la gloire dans les siècles des siècles ! Amen. » (Ga 1,1-5) les formules kérygmatiques dans les Epîtres de Paul : elles datent de la 1° génération chrétienne : Ex : « Si dans ton coeur tu crois que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé. » (Rm 10, 9) « Si en effet nous croyons que Jésus est mort puis resssuscité, de même, ceux qui sont endormis en Jésus, Dieu les emménera avec lui. » (1Th 4, 14) Cette formule est un accroissement de la formule précédente, mais elle ne change pas son objectif. « Nous croyons en celui qui a ressuscité d'entre les morts Jésus Notre Seigneur, livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification. » (Rm 4, 25) « Je vous ai transmis en premier lieu ce que j'avais reçu moi-même : Christ est mort pour nos péchés selon les Ecritures, il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures, Il est apparu à Céphas et aux Douze. (1Co 15, 3-5) « Cet évangile qu'il avait déjà promis par ses prophètes dans les Ecritures saintes, concerne son Fils, issu de la chair de la lignée de David, établi selon l'Esprit Saint, Fils de Dieu avec puissance par sa résurrection d'entre les morts, Jésus Christ, notre Seigneur. » (Rm 1, 3-4)
les discours missionnaires du livre des Actes : Dans le livre des Actes, nous avons un écho des premières prédications chrétiennes, même si elles ont pu être modifiées ou même recomposées par l'auteur. On peut faire un parcours à travers ces discours dont voici les références : Ac 2, 14-4 : discours de la pentecôte, sans doute recomposé. Ac 3, 12-26 : discours de Pierre au temple, sans doute très archaïque. Il constitue un bon exemple de la prédication judéo-chrétienne. Ac 4, 8-12 : 1° confession de foi des apôtres devant le sanhédrin. Ac 5, 29-32 : 2° confession de foi des apôtres devant le sanhédrin. Ac 7, 2-53 : discours d'Etienne. Il pourrait être un exemple de la prédication helléniste. Ac 10, 34-4 : discours de Pierre à Corneille, sans doute rédigé après coup. Ac 13, 15-41 : discours de Paul à Antioche. C'est sûrement de cette façon que Paul a dû prêcher au début de son ministère. Ac 17, 22-31 : discours de Paul à Athènes. Prototype de l'enseignement aux païens : 1° partie « propédeutique » sur le Dieu unique, spirituel et universel. La 2° partie est inachevée, puisqu'au mot de résurrection des morts, l'auditoire se disperse dans la nature, au moment où Paul allait évoquer la mort et la résurrection du Christ.
les hymnes : Dans un premier temps, Paul considère Jésus-homme, avant Pâques, dans un deuxième temps, après. Contrairement à Adam qui a voulu « jouer à Dieu », être comme Dieu et qui, par sa désobéissance a causé notre perte, le Christ n'a pas fait semblant d'être un homme et il ne s'est pas efforcé de se saisir de la condition divine, il a été totalement homme. En devenant le serviteur souffrant, « il s'est dépouillé lui-même jusqu'à la mort ». Agréant son sacrifice, Dieu lui a conféré un nom, auquel est attachée la force qui le rend capable de se soumettre toute chose. C'est par lui qu'un jour le monde entier sera remis au Père. Il faut remarquer que les mots de résurrection ou de vie n'apparaissent pas, mais tout est évoqué par le contraste bas/haut, abaissement/exaltation.
conclusion : Pour que les gens du dehors, qu'ils soient juifs, hellénistes ou païens découvrent le message et se préparent au baptême, on leur enseigne que Jésus est le Messie, attendu par Israël pour instaurer les « derniers temps ». Ce kérygme est fondé sur le témoignage de « ces hommes qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, depuis le baptême de Jean jusqu'au jour où il a été enlevé ». C'est pourquoi on choisit pour remplacer Judas un homme « qui devienne avec nous témoin de sa résurrection. » Le héraut de la Bonne Nouvelle est d'abord quelqu'un qui a rencontré le Christ, en chair et en os, qui l'a accompagné au long de sa vie humaine. Il est témoin de la Résurrection. Paul revendique haut et fort le droit d'être considéré comme tel car l'expérience qu'il a faite de la rencontre avec le Christ, pour avoir été de l'ordre « mystique » n'en est pas moins réelle. Impossible donc, pour nous aussi de « témoigner » de la mort et de la résurrection du Christ si notre vie de foi n'est pas d'abord fondée sur cette expérience, si elle n'est pas enracinée dans le fait que le Christ est le Messie promis, enraciné dans l'histoire du peuple de Dieu, dont il constitue la pleine réalisation. Ce n'est pas le dieu du New Age divinité générale plus ou moins diffise dans les forces de la nature, c'est un Dieu historique qui mène l'histoire de l'humanité et rejoint les hommes dans leur propre histoire. L'Eglise, qui l'annonce, est enracinée dans la tradition et tributaire d'une histoire orientée vers le retour définitif du Christ à la fin des temps. Il ne faut pas non plus en faire trop vite l'économie.
4. Du kérygme au symbole des apôtres. La profession de foi qui est demandée au catéchumène, encore de nos jours, ne revêt pas la forme d'un symbole. Elle est réponse à une requête formulée par l'évêque qui baptise, à laquelle il est demandé d'adhérer. Tous les chréiens refont tous les ans la même démarche lors de la veillée pascale. Il me semble qu'on peut affirmer que c'est la forme la plus ancienne du Credo. Comment en effet s'est constituée la formule par laquelle nous disons encore de nos jours la foi des apôtres ? Il faut d'abord préciser que dire sa foi, est une démarche qui engage celui qui la professe, d'où le type de formulation employé au baptême. La parole est un acte, l'acte même de la foi. L'Encyclopedia universalis dit : « En elle se produit véritablement l'engagement par lequel le croyant, assumant la parole de la révélation, le message de l'Evangile, se laisse investir par l'initiative de Dieu et prête ses propres forces, toutes les ressources de son être, à la construction du royaume spirituel que cette initiative inaugure. » L'essentiel est de comprendre le dessein de Dieu sur l'homme et d'y adhérer. C'est à travers les textes de Saint Paul ou des Actes que nous avons étudiés, à travers tout un enseignement dont nous avons un écho dans les apologies de Justin, mort martyr en 155, que nous trouvons les premières formes du symbole. Notre symbole des Apôtres, dit Le Père Daniélou dans l'Eglise des premiers temps (p.78), est le développement du symbole romain du second siècle. Ce qui est important, c'est la tradition des apôtres, telle qu'Irénée, le premier, l'a établie pour lutter contre les hérésies et en particulier les hérésies gnostiques. Le risque des sectes n'est pas l'apanage du XX° siècle finissant. L'Eglise a risqué pendant des siècles l'atomisation en une multitude de sectes, gnostiques en particulier, contre lesquelles il fallait à tout prix affirmer l'autorité apostolique sur laquelle l'Eglise fonde son enseignement. Daniélou dit encore : « La transmission de l'enseignement des apôtres n'est pas laissée à l'initiative de docteurs privés. Les apôtres eux-mêmes ont constitué les organes par lesquels ils ont voulu que leur enseignement soit transmis. Seuls ces organes institués par les apôtres ont l'autorité des apôtres. Ce sont eux seuls qui sont critères des doctrines et qui garantissent leur conformité avec la révélation. » Cette règle de foi, exprimée dans toute sa simplicité et son exigence dans le Symbole a de tout temps été en butte à la contradiction et aux hérésies.
5. Du Symbole des Apôtres au symbole de Nicée (325) Constantinople (381) Parmi les hérésies les plus menaçantes pour la foi des chrétiens, il y a eu l'arianisme qui menaçait de destruction le dogme même de la Sainte Trinité, puisque les ariens ne croyaient pas en la divinité du Christ. Arius voulait préserver l'originalité et la prééminence du Père. En effet, il est agénnètos, c'est-à-dire inengendré. Comme ce terme est très proche, en grec, d'un autre mot tiré du verbe gignomai, qui veut dire naître, devenir, les ariens disaient que le Père est non engendré et non devenu, ce qui est juste. Mais ils ajoutaient que le Fils, lui, s'il est « engendré », ce qui est juste, est aussi « devenu », ce qui est faux. S'il est « devenu », c'est qu'il n'a pas toujours été, qu'il a eu un commencement, donc il n'est plus Dieu. Dans un contexte qui était fort houleux dans tout le milieu chrétien, Constantin décide d'organiser un Concile oecuménique, à Nicée, en Asie Mineure, non loin de Nicomédie où Eusèbe avait réhabilité Arius. Face à lui, il y avait un groupe d'évêques conscients du danger arien dont Alexandre d'Alexandrie et son diacre et futur successeur Athanase. Le concile élabora le symbole de Nicée dans lequel il est dit que le Fils est « Dieu de Dieu, Lumière de Lumière, engendré non pas créé de même nature que le Père (en grec homoousios). » Ce terme sembla à beaucoup une dangereuse concession à la culture hellénique, une trahison de l'héritage biblique. En fait, depuis les origines, le christianisme s'était exprimé dans une culture donnée et dans une langue donnée : la culture grecque, la langue grecque. C'est précisément à cause de la confusion entre deux participes qu'on avait pu glisser dans l'hérésie arienne. Il est donc important de voir comment la foi a recours à la philosophie pour expliciter son credo. Après Nicée, les choses ne se calment que partiellement et l'on connaît l'extension du christianisme arien et le rôle qu'a joué Clovis en France en optant pour le christianisme apostolique, romain. Plusieurs défenseurs de l'orthodoxie sont obligés de s'exiler : Athanase d'Alexandrie ou Saint Hilaire de Poitiers. L'unité de l'Eglise est cependant sauvée lorsque le Concile de Constantinople, en 381, réaffirme solennellement la foi de Nicée. Il nous en reste un symbole solennel que nous partageons avec les orthodoxes et qu'il est donc très important de ne pas oublier, même si nos liturgies ont tendance à privilégier actuellement le symbole des apôtres. Peut-être peut-on s'étonner dans sa formulation, de la longue place faite au Christ alors que le Saint Esprit est « court-circuité » et qu'on a l'impression de le reléguer en fin de course avec tout le reste de ce qu'il « faut » croire. Mais la foi en l'Eglise, en la communion des saints, en la résurrection de la chair sont un don de l'Esprit au croyant. Si l'on a bien compris que tout le kérygme s'inscrit autour de la mort et de la résurrection du Christ, on comprend mieux la nécessité d'insérer cet événement dans sa dimension historique et de l'ancrer dans des événements vérifiables; (l'inscription découverte au théâtre de Césarée Maritime (en Israël) atteste l'existence historique de Ponce Pilate.) Si l'on a compris aussi à quel point il est important pour l'Eglise d'affirmer sa foi à l'encontre de toutes les hérésies et que celles-ci ont surtout concerné la nature humaine et la nature divine du Christ assumées par sa Personne divine, on comprend aussi le besoin qu'a eu l'Eglise de le préciser. Enfin, si l'on entre dans la perspective que la parole par laquelle on exprime la foi ne se différencie pas de l'acte de croire, on est sensible à la fois à la proclamation qui est demandée aux catéchumènes et à tous les chrétiens lors de la veillée pascale et à celle que l'Eglise nous propose tous les dimanches de réitérer selon les formules entérinées par la tradition et par les conciles.
Le Credo historique (Dt 26, 1-11) Quand tu seras arrivé dans le pays que le Seigneur ton Dieu te donne comme patrimoine, quand tu en auras pris possession et que tu y habiteras, tu prendras une part des prémices de tous les fruits de ton sol, les fruits que tu auras tirés de ton pays, celui que le Seigneur ton Dieu te donne. Tu les mettras dans un panier, et tu te rendras au lieu que le Seigneur ton Dieu aura choisi pour y faire demeurer son nom. Tu iras trouver le prêtre qui sera en fonction ce jour-là et tu lui diras : « Je déclare aujourd'hui au Seigneur mon Dieu que je suis arrivé dans le pays que le Seigneur a juré à nos pères de nous donner. » Le prêtre recevra de ta main le panier et le déposera devant l'autel du Seigneur ton Dieu. Alors, devant le Seigneur ton Dieu tu prendras la parole : « Mon père était un Araméen errant. Il est descendu en Egypte, où il a vécu en émigré avec le petit nombre de gens qui l'accompagnaient. Là, il était devenu une nation grande, puissante et nombreuse. Mais les Egyptiens nous ont maltraités, ils nous ont mis dans la pauvreté, ils nous ont imposé une dure servitude. Alors, nous avons crié vers le Seigneur, le Dieu de nos pères, et le Seigneur a entendu notre voix ; il a vu que nous étions pauvres, malheureux, opprimés. Le Seigneur nous a fait sortir d'Egypte par sa main forte et sa main étendue, par une grande terreur, par des signes et des prodiges ; il nous a fait arriver en ce lieu, et il nous a donné ce pays, un pays ruisselant de lait et de miel. Et maintenant, voici que j'apporte les prémices des fruits du sol que tu m'as donné, Seigneur. » Tu les déposeras devant le Seigneur ton Dieu, tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu, et, pour tout le bonheur que le Seigneur ton Dieu t'a donné, à toi et à ta maison, tu seras dans la joie avec le lévite et l'émigré qui sont au milieu de toi.
Le Magnificat Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s'est penché sur son humble servante ; désormais, tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Son amour s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leur trône, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël, son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d'Abraham et de sa race, à jamais.
Exemples de formules kérygmatiques dans les Epîtres de Paul : « Je vous ai transmis en premier lieu ce que j'avais moi-même reçu » (Rm 1, 3-4) « Christ est mort pour nos péchés selon les Ecritures Il a été enseveli, Il est ressuscité le troisième jour, selon les Ecritures. Il est apparu à Céphas, puis aux Douze. » (1Co 15, 3-5)
« Cet évangile qu'il avait déjà promis par ses prophètes dans les Ecritures saintes, concerne son Fils, issu de la chair de la lignée de David, établi selon l'Esprit Saint, Fils de Dieu avec puissance par sa résurrection d'entre les morts, Jésus Christ, notre Seigneur. » (Rm 1, 3-4) « Le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères a glorifié son serviteur Jésus que vous, vous avez livré et que vous avez renié devant Pilate, alors qu'il était décidé à la relâcher. Mais vous, vous avez chargé de Saint et le Juste ; vous avez réclamé la grâce d'un assasin, tandis que vous faisiez mourir le prince de la vie. Dieu l'a ressuscité des morts, nous en sommes témoins. » (Ac 3,12-16)
Textes patristiques : Ignace d'Antioche (av. 107) Soyez donc sourds quand on vous parle d'autre chose que de Jésus Christ, de la race de David, fils de Marie, qui est véritablement né, qui a mangé et qui a bu, qui a été véritablement persécuté sous Ponce Pilate qui est aussi véritablement crucifié et est mort aux regards du ciel, de la terre et des enfers qui a été véritablement ressuscité d'entre les morts. C'est son Père qui l'a ressuscité et c'est lui aussi nous ressuscitera en Jésus Christ, nous qui croyons en lui, en dehors de qui nous n'avons pas la vie véritable.
Baptême Rome (180 - 190) Crois-tu en Dieu le Père tout-puissant ? Crois-tu au Christ Jésus, Fils de Dieu qui est né par le Saint Esprit de la Vierge Marie est mort a été enseveli est ressuscité vivant des morts le troisième jour est monté aux cieux est assis à la droite du Père viendra juger les vivants et les morts ? Crois-tu au Saint Esprit ?
Symbole des Apôtres (190 - 210) Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur qui a été conçu du Saint Esprit, est né de la Vierge Marie a souffert sous Ponce Pilate a été crucifié est mort et a été enseveli est descendu aux enfers est ressuscité des morts le troisième jour est monté aux ciel est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant, d'où il viendra juger les vivants et les morts Je crois au Saint Esprit, à la sainte Eglise catholique à la communion des saints à la résurrection de la chair à la vie éternelle.
Symbole de Nicée-Constantinople (325 - 381) Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de l'univers visible et invisible
Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles Il est Dieu, né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré, non pas créé, de même nature que le Père et par lui tout a été fait. Pour nous les hommes et pour notre salut, il descendit du ciel. Par l'Esprit Saint il a pris chair de la Vierge Marie et s'est fait homme. Crucifié pour nous sous Ponce Pilate il souffrit sa passion et fut mis au tombeau.
Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Ecritures et il monta au ciel ; il est assis à la droite du Père.
Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts et son règne n'aura pas de fin.
Je crois en l'Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie ; il procède du Père et du Fils
Avec le Père et le Fils il reçoit même adoration et même gloire il a parlé par les prophètes.
Je crois en l'Eglise, une, sainte, catholique et apostolique.
Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés. J'attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir. |