Sedif-nimes

Info-Doc n°32

Echos du CREC

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Echos du CREC

Week-end Oecuménique Régional

 

CHRÉTIENS aujourd'hui…

… pour une même MISSION ?

 

à NIMES - Maison diocésaine

18 - 19 janvier 2003

 

Professeur Jean-François ZORN

Faculté de Théologie Protestante de Montpellier

 

Père Christian SALENSON

Directeur de l'Institut de Sciences et de Théologie des Religions - ISTR de Marseille

 

Madame Chantal GUILLERMAIN

Professeur au Séminaire Interdiocésain d'Avignon

Membre de l'équipe des formateurs à la Baume-lès-Aix

 

organisé en partenariat par :

le Centre de Réflexion et d'Etudes Chrétiennes

et l'Equipe Régionale pour les Relations Interconfessionnelles

 

Programme du week-end

 

• Samedi 18 janvier

14h00 : Accueil des participants

14h30 : Ouverture par le Père Frédéric Auriol

14h45 - 17h45 : Exposés :

Histoire de la Mission par le Professeur Jean-François Zorn

Fondements bibliques de la Mission par Mme Chantal Guillermain

17h45 - 18h30 : Travail en carrefours

19h15 : Repas

20h30 : Soirée Diapositives plus largement ouverte :

Témoignage de Mme Christiette Albe, fille de pasteur, ayant eu l'occasion de relire l'expérience d'une mission dans un contexte chinois (45 mn de diapositives commentées qui ouvriront un débat).

 

• Dimanche 19 janvier

9h00 : Accueil des personnes qui ne viennent que le dimanche

9h15 : Synthèse des interventions de la veille par le Pasteur Michel Freychet

9h30 - 12h15 : Exposés :

Mission et unité par le Professeur Jean-François Zorn

Mission et spiritualité par le Père Christian Salenson

12h15 : Repas

14h00 : Table ronde avec la participation des intervenants et de personnalités éminentes de l'œcuménisme vivant dans la région.

16h00 : Célébration de clôture préparée par le Comité Nîmois des Eglises Chrétiennes - Eglise Ste Perpétue -

 

Après la conférence inaugurale

Pendant deux années, les projets des partenaires du Service Diocésain de Formation graviteront autour de la Mission. En faisant part de cette orientation à notre Père Evêque, les membres de l'Equipe d'Animation du SEDIF lui ont demandé, au titre de sa compétence dans ce domaine, d'assurer la Conférence de rentrée organisée par le Centre de Réflexion et d'Etudes Chrétiennes. Nous étions donc environ cent quatre-vingts personnes en compagnie de notre Pasteur, autour du thème : "Les modèles de la Mission en France et leur pertinence aujourd'hui".

Son exposé s'est articulé autour de trois axes :

- Eclairage sur la terminologie "mission" et "missionnaire".

- Analyse des types de perspectives missionnaires en monde ouvrier

- Références :

• Les expériences de Madeleine Delbrêl

• La lettre aux catholiques de France

- "Mission" et "missionnaire"

L'usage de ces termes est loin d'avoir été et d'être aujourd'hui systématique dans l'Eglise. A partir du XVe siècle, le mot va être employé pour désigner les missions lointaines. Le terme "mission-naire" était utilisé pour désigner les personnes spécialisées, principalement des religieux, recevant la mission d'évangéliser les continents lointains. Dès la fin du XIXe siècle, certains prêtres français comparent les populations dont ils ont la charge aux "pays de mission". Le terme "missionnaire" a vu son emploi attribué à la vie de l'Eglise dans les années 1940. Le Concile Vatican II (dont nous venons de fêter le quarantième anniversaire) va ouvrir tous les sens de ces mots en enracinant la mission de l'Eglise dans la vie trinitaire (Ad gentes n° II à VII). En 1990, notre pape Jean-Paul II le rappelait, dans son encyclique Redemptoris Missio.

Il convenait de faire des choix :

- Quel regard va-t-on porter sur les gens que l'on va rencontrer ?

- Quel regard sur la culture des non chrétiens ?

- Quel autre langage utiliser pour présenter le message chrétien ?

- Comment approfondir ce qu'apporte l'Evangile ?

- Ceux qui ignorent le Christ sont-ils en manque de quelque chose ?

 

- Analyse des types de perspectives missionnaires en monde ouvrier

Notre conférencier nous a donné une vue d'ensemble sûre sur les modèles missionnaires catholiques en France. Il a fait revivre les espérances mises dans l'Action catholique spécialisée, la Mission en France et la Mission de Paris, le souci de faire de la paroisse une communauté missionnaire et la crise des prêtres-ouvriers.

Certains modèles portent essentiellement sur les relations avec le monde ouvrier. Lorsque l'on s'aperçoit que la société échappe à l'enseignement catholique, on se protège contre les mauvaises influences et on va promouvoir des groupe-ments : ACJF (Association Catholique de la Jeunesse Française). Ces groupements, ces œuvres, ces institutions chrétiennes ont buté sur le monde ouvrier. Le grand facteur d'évolution dans l'attitude des responsables de l'Eglise, on le trouve dans les intuitions des fondateurs de la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) : "voir, juger, agir". On commence par exprimer ce que l'on vit et on cherche ensemble comment inviter les autres à agir dans la même direction. Ces intuitions-là conduisent à promouvoir la spécialisation. La plupart du temps cette action catholique spécialisée se développe dans le contexte de la paroisse et le curé considère ça comme une œuvre de plus. "On n'est pas partout en terre de mission" disent les abbés Henri Gaudin et Yvan Daniel, auteurs de "France, pays de mission". Plutôt que d'avoir des tentatives qui n'aboutissent pas, constituons des communautés indigènes, détachons des prêtres et des militants pour qu'ils soient missionnaires, ces prêtres se demandent comment se présenter aux gens d'où l'idée de stages en usine, c'est l'origine des prêtres-ouvriers.

Le Cardinal Suhard et la Mission de France : "Nos séminaires forment des prêtres en vue de les envoyer en paroisse où ils se sentiront "inemployés" en raison de la faible pratique religieuse. Il importe donc de former des prêtres pour la mission d'où la nécessité de créer d'autres séminaires" (Séminaire de la Mission de France…).

Toutes ces initiatives suscitent des questions, voire des contestations. Des réactions se manifestent : construisons des églises, l'apostolat auprès des ouvriers doit rester l'affaire des ouvriers. Une critique très perspicace vient d'un certain nombre de gens : si vous voulez apporter quelque chose aux ouvriers, soyez attentifs à ceux à qui vous vous adressez. C'est la paroisse qui doit être missionnaire. Comment faire pour que les prêtres puissent rencontrer la population ? On bute sur les questions d'argent : époque des "classes" dans l'église. Il faut concevoir une sorte de "paroisse-mission", travailler à la manière de st Paul (que les cérémonies soient gratuites ou que les gens donnent ce qu'ils veulent).

Les conceptions mission-naires évoluent. Le ministère au service de l'Action catholique apparaît d'autant plus nécessaire que la vie paroissiale, ne peut suffire aux besoins de l'animation des militants. L'ACO (Action catholique ouvrière) dont les grandes lignes sont élaborées en 1950 voit sa naissance officielle en octobre 1951. Son action sera orientée dans le sens de l'Evangile. "Elle sera comme la présence de l'Eglise vivante dans le monde ouvrier qui ne la connaît pas encore. La complémentarité de la paroisse et de l'Action catholique est soulignée à maintes reprises. L'une bâlit et montre l'unité, l'autre manifeste les exigences nouvelles de la catholicité dans les relations sociales…". A partir de là va se développer une sorte de pastorale d'ensemble qui entraîne un renouveau de paroisse.

- Des références :

• Madeleine Delbrêl a vécu le combat de la foi et de la mission chrétiennes au sein du monde ouvrier, ses qualités personnelles et le contexte singulier de sa situation contribuent à faire de cette "missionnaire" une référence dont les avis et conseils vont compter d'autant plus que des circonstances diverses la mettent en relation avec des prêtres travaillant à Rome et plusieurs évêques.

"Mission, amour de Dieu et du prochain" : Les deux premiers commandements sont le cœur de sa motivation. Plusieurs orientations majeures concernant la vie missionnaire apparaissent dans ses écrits."Tout chrétien est, au milieu du monde, une frontière de la Grâce. A travers lui, la Grâce doit aller au-delà." Elle invente avec ses compagnes son style de vie chrétienne tout en continuant à pratiquer à la paroisse. Ce n'est pas en se coupant du reste de l'Eglise que l'on devient davantage missionnaire. La frontière entre les croyants et ceux qui ne le sont pas passe par chacun d'entre nous. La mission met en jeu les communautés chrétien-nes, le témoignage personnel rendu par chacun et beaucoup d'éléments…

• La lettre aux Catholiques de France :

Un document qui, sans renier ce que l'on vivait et ce que l'on voulait hier donne corps à ce que l'on pressent, l'on cherche, l'on ne sait pas encore formuler.

Référence majeure pour toute réflexion sur la mission, elle a été rédigée pour nous provoquer à avancer sur des chemins toujours nouveaux car l' Eglise est toujours une Eglise du temps présent. Baptisés, nous sommes appelés à nous réapproprier notre foi et à aller au cœur du mystère de la foi pour chercher ensemble à former une Eglise qui propose la foi.

Dans sa conclusion, notre Père Evêque s'est référé à une phrase de Madeleine Delbrêl : "En même temps que des missions en étendue, il nous faut vivre des missions en épaisseur". La largeur de la mission ne peut pas être dissociée de la profondeur de la foi si on accepte l'idée que la vie missionnaire est une véritable expérience spiri-tuelle.

Cette conférence nous a orientés vers une vraie réflexion en profondeur sur la Proposition de la foi dans la société actuelle, réflexion que nous poursuivrons avec le parcours pluridisciplinaire proposé par le CREC : "Vivre la mission aujourd'hui".

 

Monique Manifacier

N.B. : Ce compte-rendu est insuffisant pour résumer la conférence. Pour mieux comprendre nous vous conseillons la lecture du livre du Père Robert Wattebled, "Stratégies catholiques en monde ouvrier dans la France d'après-guerre" publié aux éditions ouvrières.

 

Un parcours en deux ans :

"Vivre la mission aujourd'hui"

 

Programme de la 1ère année du parcours :

• Approche biblique avec le P. Louis BARLET

L'apôtre selon le Nouveau Testament

4 novembre : Un Envoyé "habité".

2 décembre : L'Envoyé du "Présent"

• Approche historique avec M. le Professeur ZORN

13 janvier : Les pionniers (1800 - 1885)

10 février : Les bâtisseurs (1885 - 1950)

10 mars : Les partenaires (1950 - 2000)

• 14 avril & 5 mai : La mission à l'heure du dialogue interreligieux avec le P. Christian SALENSON