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La
Parole en chemin dans les Actes des
Apôtres
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Philippe Asso (Institut Supérieur de Théologie Nice Sophia Antipolis) nous présente un exposé structuré et très clair en deux parties : 1. Chemins de Traverse (exposé du matin) Traversées - De quelques conversions géographiques Ce sont des traversées initiées par une vision (Ac 16, 9-10), des itinéraires induits par l'Esprit Saint menant à des conversions tant géographiques que de mentalité. Ainsi les disciples sont amenés à aller sur une route qu'ils n'avaient pas imaginée (Ac 10, 17-24) ; Pierre a à faire une immense traversée (Ac 10, 17-24). Il lui faut revoir sa notion de pur et d'impur : il ne fallait déclarer immonde ou impur aucun homme. L'Esprit Saint invite à des chemins différents que ceux prévus. L'envoi des témoins : tout un programme ! "Alors vous serez mes témoins à Jérusalem et jusqu'aux extrémités de la terre" (Ac 1, 8) Un programme est tracé par le Christ, un programme d'envoi, un programme apostolique. Le programme géographique de ces envois va d'ailleurs structurer les Actes des Apôtres. Le sens des mises en route C'est l'annonce de la Bonne Nouvelle, l'évangélisation. Ce sont les témoins du Ressuscité qui se déplacent mais il sont déplacés par l'Esprit Saint. Au commencement, des dialogues La mise en scène des dialogues : avant même de prononcer le discours une partie importante du texte est consacrée au dialogue, Pierre avec le centurion Corneille (Ac 10, 28-33), Paul à Antioche (Ac 13, 13-16), Paul à Athènes à la synagogue et sur l'Agora (Ac 17, 16-22). Le fait d'avoir dialogué donne à Pierre ou Paul l'occasion de leur discours. Il en est de même lors de son procès à Césarée : Paul devant le gouverneur saisit l'opportunité du discours. (Ac 24, 1-10). Les dialogues, ce sont des mondes, des institutions (aéropage à Athènes, synagogue, tribunal ) qui se rencontrent. La signification Les dialogues nous montrent comment les traversées (aller à tel endroit) représentent des mutations qui ne sont pas seulement géographiques mais aussi des changements dans la culture, dans la mentalité. L'entretien comme rencontre L'entretien est bien une rencontre. Il est le fruit d'une initiative divine. Il est le point de mise en route de ces hommes (de nous mêmes) sur les chemins de changement, de conversion, d'adaptation, de rencontre véritable de l'autre. La Parole, fruit du dialogue - Dimension dialogique des discours - Les discours eux mêmes ont une dimension de dialogue, parce qu'ils sont complètement adaptés à l'auditoire. A Jérusalem, Paul devant la foule va utiliser l'Araméen (Ac 21, 40 et 22, 1-6). A la Pentecôte, à Jérusalem, Pierre a une réponse adaptée aux circonstan-ces "Non ces gens là ne sont pas ivres comme vous le supposez, car il n'est que neuf heures du matin" (Ac 2, 12-17). À Athènes sur l'Agora Paul part de l'univers culturel de ses auditeurs (Ac 17, 16-22). Le discours est fait pour susciter la parole des autres. Il est une interpellation (" Ce Jésus que vous avez crucifié "), il est fait pour appeler la réponse de l'autre. La Parole de Dieu Cette Parole de Dieu se manifeste à ceux qui écoutent (Ac 10, 44-45). À Antioche durant le sabbat Paul dit aux Juifs réunis : "C'est à vous d'abord qu'il fallait adresser la Parole de Dieu" et rappelle le commandement du Seigneur : "J'ai fait de toi la lumière des nations pour que grâce à toi le salut parvienne jusqu'aux extrémités de la terre." La Parole est glorifiée comme un personnage. Ecouter et croire La Parole de Dieu est dans le fruit de la collaboration de ceux qui parlent et de ceux qui écoutent. Il n'y a pas de Parole de Dieu sans la réception libre et croyante de l'auditoire. 2. Travail en atelier sur le texte Ac 8, 26-40. La rencontre de Philippe et de l'eunuque. Il y eut une abondance de points éclairants, ressortis par les groupes. Entre autres : Le baptême dont il est question n'est pas celui que nous connaissons, c'est un baptême d'eau. Philippe n'a aucune initiative dans ce passage si ce n'est celle d'avoir de bonnes oreilles pour entendre l'ange du Seigneur et se mettre en route. L'eunuque, lui est déjà en route, atteint par l'Ecriture Sainte. Il est en recherche, en attente. Celui qui reçoit la Bonne Nouvelle est sur le chemin. Philippe répond à cette attente en le rejoignant dans sa vie rejoindre l'autre là où il est mais avec le temps nécessaire (chemin faisant). Respect de la liberté d'autrui : Philippe ne monte dans le char qu'à la demande de l'eunuque. "Il poursuivit son chemin tout joyeux". Plusieurs points du récit font penser au chemin d'Emmaüs. Un exemple de collaboration entre celui qui parle et celui qui écoute. Après les nourritures spirituelles du matin, les nourritures terrestres sont prises avec bonheur, ce fut aussi un moment favorable pour faire connaissance entre gardois(es) de diverses origines. 3. La Parole, l'Esprit, et la Chair (exposé de l'après midi) L'interprétation dégage une théologie, qui revient à la lecture de l'Ecriture Sainte. Nous avons tous en nous une théologie sous-jacente. Comment notre théologie est elle critiquée par l'Ecriture Sainte ? Le cercle entre Esprit et Parole L'Esprit fait parler et c'est compris par l'autre ; c'est une parole communicable. La Parole précède l'Esprit (Ac 10, 44) : "L'Esprit Saint s'empara de tous ceux qui écoutaient la Parole". La Parole et l'Esprit font l'Eglise La constitution des assemblées, l'agrégation de nombreux membres : ce sont les faits de la Parole et de l'Esprit Saint. La fondation de l'Eglise, c'est l'événement de la Parole et du don de l'Esprit. Le baptême n'intervient que comme reconnaissance. La répercussion de la Parole - Deux événements initiaux - L'événement initial fondateur c'est la Pentecôte : une répercussion du ministère de Jésus L'écho. C'est aussi l'événement de la continuation du ministère de Jésus de Nazareth qui dit les paroles de grâce, et qui est le premier évangé-lisateur. L'aventure continuée Dans les Actes l'aventure du ministère de Jésus continue. Cette continuité est assurée par la Parole : le Seigneur Jésus ressuscité continue à parler. Cette continuité c'est la permanence de l'expérience de la Résurrection, c'est la perma-nence de l'expérience de la Parole de Dieu, c'est Jésus Christ. La permanence du don de Dieu c'est l'Esprit Saint. Le Ressuscité et son corps parlant A partir d'un personnage "prototype" Paul, l'avenir est assuré : Paul n'a pas connu Jésus par la chair, il a été rejoint sur sa route par le Ressuscité. La notion de croissance (de l'enfant Jésus Luc 2, 40), se retrouve exprimée pour les premières communautés dans les Actes (6, 7 ; 12, 24 ; 19, 20) : le corps des disciples est le corps parlant du Ressuscité. Le Ressuscité se laisse entendre dans le corps de ses disciples. Parole de Dieu en langages d'homme - Grâce divine et libertés humaines - Les apôtres sont les premiers à manifester une écoute croyante. Leurs actions sont totalement ancrées dans la grâce divine. La Parole incarnée La Parole de Dieu est toujours manifestée dans une collaboration avec l'humanité. Elle est une invention permanente, jamais répétitive (Vatican II, Constitution dogmatique Dei verbum, § 13). L'aventure qui continue c'est ainsi l'aventure de l'incarnation de la Parole de Dieu. Il n'y a de Parole de Dieu que dans et par l'humanité. Un programme inachevé Tant qu'humanité il y a, la chair humaine est en attente d'incarner le Verbe, et il faut des témoins : se saisir de culture nouvelle, d'espaces nouveaux. Ceci entraîne la nécessité de sortir du lieu de leur (notre) culture pour aller vers l'autre et traverser la mer qui fait séparation. Il faut s'adapter à l'unique de l'autre. Conclusion : le Verbe se fait chair et la chair se fait Verbe. Dieu sort de lui même dans son Verbe. L'aventure des témoins sera toujours de sortir de leurs frontières. L'Ecriture sainte ce n'est pas la Parole de Dieu ; la Parole de Dieu c'est Jésus Christ ressuscité. Nous participons ensuite à un atelier collectif animé par Jean-Luc Thirion sur le thème : "Que faisons nous quand nous lisons les écritures ? " L'échan-ge est alors très riche, et nos deux animateurs en profitent pour nous éclairer sur des points de méthodologie qui donnent la soif d'aller plus loin. Attention au subjectivisme ! Pas d'Ecriture sans interprétation : toutes les lectures ne sont pas possibles. Fondamentalisme : une lecture directe sans interprétation aucune. Je dénie l'incarnation et le fait que la Parole de Dieu se dit toujours. L'uvre définit aussi le lecteur idéal qui ne peut enseigner la Bonne Nouvelle qu'ancré dans une relation de Parole. Comme lecteur nous risquons d'être bousculé ! Beaucoup de richesses reçues durant cette dense journée et une grande envie d'approfondir et de vivre cette Parole de Dieu. Un participant très heu-reux Il poursuivit son chemin tout joyeux Bruno Cabane |