|
|
|
En
guise d'Edito
|
||
C'est la biennale internationale d'art moderne. Les lieux publics abritent ainsi des uvres dont le caractère dérangeant contraste avec le cadre qui les accueille. Si vous avez la chance de connaître Sainte Sophie, vous vous représenterez plus facilement l'espèce de parabole dont j'ai choisi de faire le sujet de cet édito. Autour de la nef, à la croisée surmontée de sa célèbre coupole qui symbolise l'immensité du ciel, court une galerie harmonieuse et vaste. Comme la basilique, devenue ensuite mosquée, est actuellement un musée, les artistes y exposent. C'est ainsi qu'un cube d'environ trois mètres sur trois, tout blanc, se dresse en travers de notre chemin. Sur un mur, une inscription, que je retranscris de mémoire : "J'ai toujours rêvé", dit l'artiste, "d'avoir à l'intérieur de ma maison, dans une pièce, une chambre totalement close". J'en déduis que le rêve a pris forme. Intriguée, j'en fais le tour. Sur l'un des côtés, il y a une porte, hermétiquement fermée, et une inscription : "Celui qui ouvrirait cette porte détruirait et l'uvre et l'artiste". Aussitôt me revient à l'esprit le cri de saint Augustin après qu'il eût découvert la présence de Dieu au cur de son être. Ce Dieu qu'il avait cherché avec passion dans tout ce que le monde pouvait offrir comme aliment à sa soif de sentir, de comprendre, d'aimer, voilà qu'il le découvrait non seulement comme plus haut que ce qu'il y a de plus élevé en lui, mais aussi comme "plus intime que le plus intime de lui-même" Le cur de son cur. La chambre forte au centre de sa maison. Ce n'est pas facile de l'ouvrir. Nous n'aimons pas qu'on y pénètre par effraction, qu'on en force l'entrée, et nous avons raison. Mais si c'est un petit enfant, un tout petit enfant qui l'entrebâille et qui vient se nicher au cur de la maison ? Y aurait-il un seul être assez endurci pour lui en refuser l'accès ? Préparer Noël, c'est frayer la voie au Verbe de Dieu au cur de notre cur, au plus humain, au plus vulnérable, au plus démuni de notre humanité. Le oui de Marie fonde tous les oui de nos vies. Il ouvre la voie, il féconde, il incarne. Ouvrir la porte au Verbe fait chair ne détruit ni l'uvre ni l'artiste. En lui et par lui l'uvre devient Vie. La solidité des fondations et des murs, l'intelligente répartition des pièces, leur éclairage et leur aménagement, le SEDIF a pour mission d'aider chacun à s'en faire l'artiste et l'artisan. Il souhaite vivement poursuivre, en 2004, ce travail de construction. Mais le vu le plus ardent de son équipe d'animation, c'est que chacun rencontre, au cur de sa maison, ce Dieu incarné, plus intime que le plus intime de lui-même. Quand nous lui aurons frayé accès, c'est de l'intérieur que s'ouvrira la porte de nos maisons et de nos curs. Plus besoin de bombe ni d'explosif pour faire tomber les murs de nos séparations. A chacun de ceux qui frapperont à la porte du SEDIF, nous souhaitons que l'année soit bonne. Catherine Marès
P.S. : Les récentes calamités dont sont à nouveau victimes tant de personnes dans notre région ne rendent pas caduc cet édito. Le Seigneur ne pénètre pas par effraction dans nos curs, il ne ravage pas tout sur son passage comme une inondation. Il frappe doucement à la porte de celui qui veut bien lui ouvrir. Puissions-nous à notre tour ouvrir la nôtre à ceux qui ont besoin de nous |