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"Pastorale liturgique et
évangélisation"
Un stage de formation avec les libraires SILOE |
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Nous étions une trentaine de libraires et d'animateurs en pastorale, participant à cette session, sous la conduite du P. Claude Duchesneau (CNPL). Le projet paraissait ambitieux de prime abord. Quelle est la place de la pastorale sacramentelle dans la mission d'évangélisation de l'Eglise ? Et d'abord, la vie liturgique et sacramentelle comporte-t-elle une dimension missionnaire ? A priori, nous sommes habitués à penser l'inverse. La mission concerne les "gens du dehors" et la liturgie ceux du sérail, car elle est célébration de ce Dieu qui concerne des initiés. Dès lors, sommes-nous fondés à penser un lien entre ces composantes de la vie chrétienne ? N'entend-on pas dire, de plus en plus, combien Jésus et son message intéressent nos contemporains, mais combien, en revanche, l'Eglise et sa prière liturgique indiffèrent totalement : "Je suis croyant, mais non pratiquant". Et pourtant, il n'est pas si juste d'opposer les deux. Déjà, le pape Paul VI, en 1975, dans cette encyclique fameuse consacrée à l'évangélisation soulignait combien "c'est une équivoque que d'opposer, comme on le fait parfois, l'évangélisation et la sacramentalisation... car l'évangélisation doit atteindre la vie : vie naturelle... et vie surnaturelle..." (EN 47). Depuis le concile Vatican II, en effet, pasteurs et théologiens ne cessent de réfléchir et d'approfondir la compréhension de ce lien. Ainsi, le P. Yves Congard distingue 4 activités de l'Eglise, dans un commentaire d'Ac 2,42 et sv. Tout d'abord, le témoignage, la proposition de la foi (marturia), mais aussi la vie en communion (koinonia), la mission de louange et de culte du Dieu vivant (leiturgia) et le service des frères et de l'humanité (diaconia). Autour des années 1980, l'Eglise de France vit un tournant. Ce fait est lié à l'augmentation du nombre des demandes de sacrements par des personnes éloignées de la foi chrétienne qui veulent souligner des temps importants de leur vie (particulièrement baptêmes d'enfants, mariages et obsèques). On redécouvre qu'il y a des moments de la vie qui demandent à être célébrés. Cela, l'Eglise sait le faire. Corrélativement, il y a une augmentation de la participation à ces célébrations de gens peu ou pas croyants (par exemple, le mariage). Ces sacrements deviennent l'occasion d'une rencontre, d'une évangélisation. En 1996, dans leur "Lettre aux catholiques de France", les évêques invitent à passer d'une pastorale de l'accueil à celle de la "proposition" : "Proposer la foi dans la société actuelle". Pour cela, il convient, sur notre sujet, de "reconnaître et pratiquer la pastorale sacramentelle comme une pastorale missionnaire." Leiturgia et marturia sont intimément liées. La liturgie des sacrements et leur préparation deviennent un lieu d'évangélisation capable de révéler Dieu. Aussi aujourd'hui, plus que jamais, nous est-il nécessaire de veiller à l'image de Dieu que donnent nos célébrations. Offrent-elles le signe communautaire, celui de la paternité de Dieu, sont-elles signe d'alliance et de vie ? Dans ce contexte, même la messe est un témoignage : auprès de ceux qui n'y vont pas, dans nos familles : nous disons combien Dieu existe, convoque... mais aussi notre propre réponse à son appel. De plus, la liturgie de la Parole qui appelle de manière incessante à la conversion est-elle évangélisatrice même pour des initiés. L'Evangile est toujours évangélisateur : "c'est le Christ qui parle tandis qu'on lit les Ecritures" (concile Vatican II, SC 7). Enfin, il y a une éthique de l'eucharistie. Comment s'accueillir et se reconnaître frères en Jésus-Christ, Fils d'un même Père sans s'engager dans le partage fraternel et l'accueil de tout étranger ? Ce premier temps de la session a permis une clarification utile pour tous, qui redonne sens et oriente notre agir. Il a été suivi d'un temps d'atelier particulièrement consacré à la dimension pastorale des sacrements. Quelques pistes sont apparues avec clarté : - la demande des personnes est souvent aujourd'hui de l'ordre d'un rite qui dit l'importance de l'évènement vécu plus que la profondeur du sacrement que l'Eglise célèbre. - il est alors incontournable de se situer dans un processus d'alliance. Les sacrements peuvent être présentés comme processus d'Alliance entre les personnes et Dieu. Déjà toute la Bible se situe ainsi (cf. Gn 9, Noé ; Gn 17, Abraham , Ex 19 sv., Moïse, Evangile). Dans le dialogue pastoral, l'enjeu est de découvrir ensemble comment Dieu fait Alliance avec les personnes. Car toute Alliance a une histoire. L'Eglise est demandeuse à Dieu qu'il fasse Alliance avec les personnes et aux personnes qu'elles découvrent leur histoire d'Alliance avec Lui. La suite de la formation nous a conduits dans l'univers des revues liturgiques et des rituels pour en découvrir les enjeux et les orientations. P. Luc Mellet
DIMENSION PASTORALE DES SACREMENTS La pastorale sacramentelle peut être reconnue aujourd'hui comme une pastorale authentiquement missionnaire, un chemin d'évangélisation. Elle est l'affaire de tous les baptisés. Ce qui suppose des prises de conscience et des pratiques renouvelées : 1. L'Esprit Saint nous précède toujours au cur de l'homme. 2. Le Royaume de Dieu déborde toujours les frontières visibles de l'Eglise. 3. L'Esprit de Dieu parle à travers ceux qui demandent un sacrement. D'où cette pastorale de l'accueil, de l'écoute, une pastorale désintéressée. Il s'agit donc de passer de la problématique de l'offre et de la demande, à l'Alliance. C'est dans cette immense réalité de l'Alliance que nous demandent d'entrer nos Evêques. Claude Durand
Document "épiscopat" : Pastorale sacramentelle et évangélisation Il présente 4 étapes de la pastorale sacramentelle. D'abord, savoir accueillir sans être piégé par le langage de l'offre et de la demande. S'inscrire dans une pastorale de l'initiation à la foi. Favoriser une progression, c'est-à-dire faire découvrir l'appel et les exigences du Christ tout en valorisant la liberté des personnes dans la confiance. Dans le temps de la célébration, il s'agit de se laisser renouveler dans l'accueil du don de Dieu. Enfin, veiller à la suite, sans pour autant vouloir maîtriser l'action de Dieu et l'avenir des personnes. |